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Comment la télémédecine pourrait être utilisée en cas d'épidémies ?

Dans un article paru dans La Recherche Européenne en Télémédecine, R. Ohannessian fait le point sur la télémédecine en situations épidémiques. 

L’article a été publié sous forme de note technique intitulé “Télémédecine: applications potentielles en situations épidémiques” dans le numéro 3 du volume 4 du journal scientifique.

En reprenant les différents types d’actes de télémédecine possibles, et les activités de télémédecine menées en situations épidémiques, Robin Ohannessian, médecin interne en santé publique à Lyon, explore l’utilisation de la télémédecine pour la prise en charge des épidémies.

Le constat ayant mené à cet article est le peu de recherches et de publications sur l’utilisation de la télémédecine en cas d’épidémies, en comparaison à son utilisation dans les différentes spécialités médicales.

Ainsi, cinq situations ont été décrites:

1. La régulation médicale via la téléconsultation ou le téléconseil pour les personnes habitants dans une zone touchée par une épidémie et déclarant des symptômes suspects. L’utilisation de ce système permettrait notamment la mise en place d’un système de tri pouvant sélectionner les personnes correspondant à la définition de cas nécessitant un transport sécurisé, et ceux ne correspondant pas à la définition de cas et pouvant être orienté vers un service de soins primaires. 

Ce système a été utilisé pendant l’épidémie de maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest avec la mise en place de Hotline téléphonique nationale en Guinée, Sierra Leone et au Liberia, ainsi que par l’utilisation d’une application smartphone qui a permis de détecter 20 cas suspects.

2. La télésurveillance des cas contacts par l’administration à distance de questionnaire sur la survenue de symptômes chez les personnes à risques. Cette pratique permettrait une meilleure utilisation des ressources humaines, financières et techniques et une potentielle meilleure réactivité plus ciblée en cas de détection de symptômes correspondant à la définition de cas.

Cela a été utilisé en Guinée, en Sierra Leone, et au Nigeria pendant l’épidémie de maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest en 2014, avec le soutien de nombreuses organisations internationales, ainsi qu’en Australie pour le personnel revenant des pays touchés et devant être surveillés.

3. La téléconsultation pour les patients en isolement sanitaire afin de permettre un suivi à distance avec une réduction du temps d’exposition malade – soignant pouvant potentiellement réduire le risque d’infections nosocomiales.

La téléconsultation a été utilisée notamment à Taiwan en 2003 pour un patient hospitalisé à cause du SARS et en 2009 chez des patients en quarantaine à domicile infecté par le virus de la grippe H1N1, mais aussi en Chine en 2013 avec un patient hospitalisé infecté par le virus grippal H7N9, et aux Etats-Unis en 2014 pour un patient hospitalisé dans le Nebraska et infecté par le virus Ebola.

4. La télé-expertise entre un centre local et le centre de référence national, ou bien des équipes internationales, en cas de manques de ressources et de connaissances sur la prise en charge clinique adaptée. 

5. L’utilisation de différents actes de télémédecine par un établissement de santé en quarantaine afin de garder un contact et une prise en charge assurée avec les patients ne pouvant se rendre dans l’établissement du fait de la quarantaine.

Ceci a été mis en place par l’hôpital Samsung à Séoul en Corée du Sud en Juin 2015 lors de l’épidémie massive de MERS-CoV qui a touché le pays et en particulier cet établissement de santé.

Les 4 premières situations sont modélisées dans la figure suivante.

figure1

 

La télémédecine peut ainsi s’utiliser sous différentes formes et dans différentes situations lors d’une épidémie afin d’améliorer la contrôle épidémiologique, la prise en charge clinique des cas, et l’aide internationale mais nécessite des recherches complémentaires afin d’en démontrer la faisabilité et l’efficacité. 

Des organismes tels que l’Institut de Veille Sanitaire, le Centre Européen de Contrôle et Prévention des Maladies, ainsi que l’Organisation Mondiale de la Santé, pourraient ainsi se pencher sur cette question dans une vision prospective et dans une logique de préparation pour la prévention et le contrôle des épidémies.

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